Les prépas architecture: Danger ou bonne pratique ?

Deux étudiantes de l’ENSA de Paris-Est au travail
Photographie de Romane Guichard – architecte diplômé de l’ENSA de Paris-Est – 2024

Introduction:

Récolter des avis sur les prépas architecture n’est pas aisé. D’autant plus qu’investir plus de 7000€ est une source d’interrogation et d’angoisse pour énormément d’étudiants et de parents d’élèves.
D’après l’Étudiant, seulement 12% des candidats sont en moyenne acceptés en première année d’École Nationale Supérieure d’Architecture (ENSA). Ce faible taux d’admission engendre malheureusement plus de 88% de candidats rejetés, déçus et désorientés quant à leur avenir.De nombreux candidats se voient alors tentés de se tourner vers des prépas architecture dans le domaine du privé. Certaines de ces classes préparatoires, coûtant environ 7000€, promettent des résultats impressionnants avec des taux élevés d’admission en ENSA.

Dans cet article, je vous propose d’analyser la véritable valeur de ces préparations aux écoles d’architecture. De ce fait, je vous partagerai en premier lieu, mon humble expertise d’Architecte Diplômé d’Etat de l’ENSA de Paris-Est et de Professeur en Arts Appliqués. Ensuite, je m’appuierai sur des témoignages recueillis auprès des administrations des ENSA et d’anciens étudiants de ces prépas.

Les origines des prépas architecture:

La culture des classes préparatoires en architecture

La tradition des classes préparatoires en France, provenant des écoles d’ingénieurs, s’est étendue à d’autres domaines, y compris l’architecture. De 1817 à 1968, l’enseignement de la discipline était dispensé par l’école des Beaux-Arts de Paris. L’admission à cet établissement reposait sur la réussite d’un concours redouté et exigeant. Cet examen d’entrée mettait en valeur des candidats aux compétences artistiques et culturelles aguerries.

La tradition du concours d’entrée a façonné l’idée que la classe préparatoire constituait la voie royale menant aux ENSA. Les étudiants, préparés pour ce concours rigoureux, devaient démontrer des capacités en dessin, en art et en conception architecturale. Ce modèle, bien que transformé, a laissé un héritage persistant qui valorise la préparation académique intensive.

L’évolution des critères d’entrée aux ENSA

Depuis 1968 et les changements progressifs des procédures d’admission des écoles d’architecture, les critères d’accès aux ENSA ont évolué. Les jurys d’admission mettent l’accent sur des profils affichant une réelle maturité et une motivation sincère. L’accumulation de connaissances académiques et artistiques n’est plus la priorité. Ces changements visent à identifier des candidats capables de réfléchir de manière critique et créative pour leur candidature aux ENSA.

Les ENSA cherchent à diversifier leurs promotions, en valorisant des candidats témoignant de finesse et de compréhension. De ce fait, les compétences techniques et artistiques ne constituent plus des critères d’admission aux yeux des ENSA. Les jurys d’admission recherchent désormais des candidats mûrs, capables d’observer l’architecture avec attention. Ils valorisent ceux qui interrogent ses enjeux et son lien avec d’autres disciplines.

Le vide pédagogique laissé par l’Éducation Nationale

L’architecture n’est pas enseignée au lycée, sauf dans certaines filières technologiques et professionnelles. Peu de candidats bénéficient donc d’un éveil à cette discipline et d’un accompagnement pour préparer les admissions aux ENSA.

L’inefficacité des prépas privées en architecture:

Les limites des prépas architecture face à Parcoursup

Les classes préparatoires privées en architecture ne sont généralement pas reconnues par l’Etat. Ainsi, les base de données de Parcoursup ne répertorie pas la majorité des prépas privées en architecture. Cela implique donc que les ENSA ne considèrent pas les notes obtenues en prépa au moment de sélectionner leurs candidats.

De plus, la non-reconnaissance de ces formations empêche les étudiants d’inscrire leur prépa privée sur Parcoursup. Les étudiant se retrouvent alors forcés d’indiquer maladroitement qu’ils réalisent « une année sabbatique ». Cette situation, loin d’être idéale, complique alors le traitement de leur candidature.

Ainsi, les limites présentées créent un décalage entre les promesses de réussite des prépas et la réalité des procédures d’admission. Ce décalage a le mérite de poser des questions quant à l’utilité réelle de ces formations coûteuses.

Une prétendue « avance » qui s’estompe rapidement

Les cours préparatoires en architecture soulignent l’avance que le candidat pourrait prendre sur les programmes enseignés en ENSA. En insistant sur l’apprentissage artistique et culturel, les prépas privées en architecture proposent finalement une mise à niveau en architecture.

Contacté par nos soins, le service admission de l’ENSA de Lyon a réagi à cet argument en soulignant le fait que « la première année (en école) d’architecture constitue déjà une année de mise à niveau »¹. Un étudiant intégrant une ENSA après une prépa privée verra donc sa prétendue « avance » s’estomper rapidement en école d’architecture.
Ainsi, le témoignage du l’ENSA de Lyon démontre que l’apprentissage des prépas architecture ne donne pas forcément d’avantage décisif.

Des prépas architecture aux coûts élevés pour des résultats incertains

Investir 7000€ dans une prépa architecture privée est un choix risqué. Des exemples comme la prépa Architektôn, ayant fermé avant la fin de l’année scolaire, montrent les limites de ces formations. Véra², une des étudiantes victime de la fermeture prématurée de la prépa Architekton nous informe que, malgré des promesses de 100% de réussite pour l’admission aux ENSA, « seulement 5 des 65 élèves d’Architektôn ont été admis en école d’architecture »³ en 2024.

Par ailleurs, la fermeture d’Architektôn démontre que ces prépas architecture peuvent parfois faillir à leurs promesses, laissant des étudiants et leurs familles dans des situations financières et académiques précaires.

Les prépas privées, souvent vantées pour leurs supposés taux de réussite élevés, manquent de transparence. Les résultats finaux sont rarement voire jamais communiqués publiquement, renforçant alors l’incertitude générée par ces cours préparatoires.

Face à ces incertitudes, quelles sont les alternatives pour une candidature réussie aux ENSA ?

Les témoignages et les avis sur les prépas architecture

L’expérience contrastée d’Anthony dans une prépa architecture à temps plein

Anthony⁴, aujourd’hui étudiant en troisième année à l’ENSA de Versailles, a suivi une année de classes préparatoires en architecture. Après avoir étudié dans un établissement parisien à 7000€ l’année, il nous partage son retour d’expérience.

Anthony nous présente un retour plutôt positif sur les cours collectifs. « C’était intéressant, on a fait plusieurs projets d’architecture avec des plans, des perspectives et des maquettes. (…) On avait aussi des séances de croquis en extérieur et des visites de bâtiments »⁵.

Toutefois, Anthony a éprouvé de la déception quant à la supposée aide aux admissions qu’il était censé recevoir. « Pour ce qui est des candidatures Parcoursup, on a pas vraiment été aidés. Les profs nous ont fait un cours sur les candidatures mais il n’y a pas eu de suivi derrière. (…) En plus, les profs nous conseillaient de ne pas indiquer que l’on venait d’une prépa architecture. Ils savaient que les ENSA n’aimaient pas forcément ces écoles donc ils nous conseillaient de préciser que l’on faisait plutôt ″une année de découverte″ »⁵.

Face à ce constat, Anthony a pris l’initiative de se préparer aux candidatures avec ses camarades. Après la phase d’entretiens, plusieurs ENSA lui ont envoyé des propositions d’admission. Il a finalement pu choisir l’établissement de son choix mais nous partage une conclusion sans équivoque: « Avec le recul, j’ai réussi à rentrer à l’ENSA de Versailles mais ce n’est pas du tout grâce aux cours que j’ai pu faire en prépa »⁵.

Le témoignage de Mylène dans une prépa architecture à temps partiel

Mylène⁸ aujourd’hui étudiante en deuxième année à l’ENSA de Paris-Val de Seine a effectué une année de prépa en architecture dans un autre établissement privé situé à Paris. Contrairement à Anthony, Mylène a opté pour une préparation aux écoles d’architecture à temps partiel moyennant 2000€.

Malheureusement, l’année de Mylène aura été marquée par une suite de déceptions. Les surprises ont commencé dés le jour de la rentrée « déjà, les locaux n’étaient pas les mêmes que ceux montrés sur le site internet »⁹.

Par ailleurs, Mylène déplore des problèmes d’organisation des cours « au début, les professeurs n’étaient pas impliqués, ils avaient l’air blasés. Puis il y a eu plusieurs remplacements, et les nouveaux profs avaient l’air perdu. En fait, l’organisation n’était vraiment pas bonne du tout ».

Enfin, Mylène nous dévoile que cette situation a finalement eu un impact sur la motivation générale de la classe. « Au début de l’année, on était une classe de 18 élèves pour la prépa hebdomadaire. Puis, au mois de février, la moitié des élèves avaient déserté les cours. A la fin, on était plus que 3 »⁹.

Voyant l’expérience tourner au vinaigre, Mylène a finalement pris des cours complémentaires dans une autre structure. Elle a pu ainsi bénéficier de l’enseignement qu’elle espérait recevoir initialement. Aujourd’hui étudiante en deuxième année à l’ENSA de Paris-Val de Seine, Mylène dresse le bilan tranché de sa prépa en architecture. « J’étais vraiment déçue. Je ne comprends pas ce qui justifie réellement le prix de la formation. Heureusement que je n’ai payé que 2000€ car j’ai des amis qui ont payé 7000€ pour cette prépa à l’année et qui n’ont pas eu d’école malheureusement »⁹.

L’avis des ENSA sur les prépas architecture

Les avis des ENSA, comme celle de Paris-Malaquais, sont clairs : les prépas architecture privées ne sont pas nécessaires.

Contacté dans le cadre de notre recherche, le service admission de l’ENSA de Paris-Malaquais indique que « la première année est conçue pour niveler les connaissances des étudiants, qu’ils aient ou non suivi une prépa. L’école encourage les candidats à se concentrer sur des expériences personnelles enrichissantes et variées, plutôt que de se plier à une préparation intensive qui formate les candidats »¹².

À la lumière de ces témoignages et des avis des institutions, il est crucial d’explorer des alternatives plus efficaces et accessibles pour l’admission aux ENSA.

Les alternatives efficaces et abordables

Intégrer une formation reconnue par l’État et le système Parcoursup

Les jurys d’écoles d’architecture apprécient les profils d’étudiants ayant déjà effectué une année d’étude. Parmi les nombreuses formations disponibles, les ENSA comme celle de Nancy conseillent de s’engager dans des disciplines sœurs de l’architecture comme par exemple le génie civil ou encore la géographie et l’aménagement du territoire. L’objectif de cette année post bac est d’amorcer un parcours permettant aux candidats de rebondir après leurs échecs aux ENSA. 

Ces formations permettent de lier l’architecture à d’autre disciplines, tout en offrant une légitimité académique au yeux des ENSA. Par exemple, les études en géographie peuvent aider à comprendre l’architecture à grande échelle, tandis que le génie civil fournit une base technique solide.

Par ailleurs, ces formations offrent de meilleurs débouchés qu’une prépa privée, en cas d’un nouvel échec aux écoles d’architecture. Étant répertoriées sur Parcoursup, ces formations débouchent sur un cursus universitaire en deuxième année.

Contrairement à ces formations, les classes préparatoires privées en architecture n’offrent pas cette possibilité. De ce fait, un étudiant échouant après une prépa architecture à temps plein devra recommencer un cursus depuis le début.

Découvrir l’architecture en parallèle de son année postbac

Les ENSA comme celle de Nantes recommandent aux candidats de profiter de leur année post bac pour découvrir l’architecture en parallèle de leurs études. Dans cette optique, nous vous recommandons de visiter des bâtiments, des quartiers, des expositions et de lire des livres d’architecture ou d’autres domaines.

Le but est d’entamer un processus d’apprentissage qui vous aidera à développer les critères recherchés par les ENSA. Ainsi, nous vous conseillons de vous orienter vers des cours complémentaires de dessin, de culture artistique ou de culture architecturale. Toutefois, nous vous recommandons de vous diriger vers des formats de cours plus abordables car, au regard des risques évoqués, découvrir l’architecture ne devrait pas coûter 7000€.

Le modèle pédagogique de Next Line Studio

Chez Next Line Studio, nous proposons aux aspirants architectes de découvrir l’architecture en parallèle de leurs cursus post bac.

Nous nous distinguons par notre approche personnalisée où un architecte diplômé et ses anciens étudiants, désormais admis en ENSA, accompagnent les aspirants architectes pas à pas dans leurs démarches. Ce modèle permet un soutien académique dans un cadre solidaire et pratique, bien plus bénéfique que les prépas architecture traditionnelles.

Nos anciens étudiants, aujourd’hui en ENSA, jouent un rôle clé en partageant leurs expériences en école d’architecture. Ces retours vous offrent une vision intérieure du processus d’admission et de la vie académique en ENSA.

Conclusion

Les prépas architecture privées, bien qu’attrayantes en apparence, sont souvent inefficaces et coûteuses. Il vaut mieux suivre les conseils des ENSA et s’engager dans un cursus reconnu par l’Etat et Parcoursup. En parallèle de ces études, il est conseillé de découvrir l’architecture afin de développer les critères recherchés par les ENSA.

Next Line Studio aide les aspirants architectes à développer tous ces points au travers de cours en ligne abordables. Ces cours permettent aux étudiants de se préparer efficacement pour les admissions des ENSA sans sacrifier un budget conséquent. L’accompagnement personnalisé et continu proposé est aligné avec les exigences académiques et pédagogiques des écoles d’architecture.

Les formations de Next Line Studio constituent une solution financièrement viable. Elles sont aussi stratégiquement conçues pour répondre aux attentes des commissions d’admission des ENSA. Nous amenons nos étudiants à développer une approche critique et personnelle, essentielle pour réussir dans le domaine de l’architecture.

Pour mettre toutes les chances de votre côté, explorez les cours en ligne de Next Line Studio. Contactez-nous pour un entretien personnalisé gratuit et découvrez comment nous pouvons vous aider à préparer sereinement votre admission aux ENSA.

À retenir

1. Les prépas architecture: Souvent coûteuses et inefficaces, les prépas architecture à temps plein ne garantissent pas l’admission aux ENSA. Déconseillées par les écoles d’architecture, ces formations au prix de 7000€ présentent un risque important pour le candidat. 2. Les critères des ENSA: Axés sur la maturité et les projets personnels, les critères des ENSA ne sont pas orientés vers la maîtrise de compétences artistiques spécifiques. 3. Les limites des prépas: Non reconnues par l’Etat et Parcoursup, les prépas architecture ne permettent pas au candidat de valoriser les notes obtenues ainsi que le parcours effectué. 4. Les alternatives en cas d’échec aux ENSA : Nous vous conseillons d’intégrer des formations reconnues sur Parcoursup et de découvrir l’architecture en parallèle en suivant les cours en ligne de Next Line Studio, plus abordables et pertinents. 5. Les cours de Next Line Studio : Offre un accompagnement personnalisé, adapté aux exigences des ENSA, avec un modèle économique éthique et solidaire.

1. Propos recueillis lors d’un entretien téléphonique avec le service admission de l’ENSA de Lyon ayant eu lieu le 19 juillet 2024. ↩︎
2. Le nom de l’étudiant a été modifié afin de préservé son anonymat. ↩︎
3. Propos recueillis lors d’un entretien téléphonique avec l’étudiant ayant eu lieu le 22 juillet 2024. ↩︎
4. Le nom de l’étudiant a été modifié afin de préservé son anonymat. ↩︎
5. Propos recueilis dans le cadre d’un témoignage audio produit le 21 juillet 2024. ↩︎
6. Propos recueilis dans le cadre d’un témoignage audio produit le 21 juillet 2024. ↩︎
7. Propos recueilis dans le cadre d’un témoignage audio produit le 21 juillet 2024. ↩︎
8. Le nom de l’étudiant a été modifié afin de préservé son anonymat ↩︎
9. Propos recueillis dans le cadre d’un témoignage audio produit le 17 juillet 2024 ↩︎
10. Propos recueillis dans le cadre d’un témoignage audio produit le 17 juillet 2024 ↩︎
11. Propos recueillis dans le cadre d’un témoignage audio produit le 17 juillet 2024 ↩︎
12. Propos recueillis dans le cadre d’un entretien téléphonique avec le service admission de l’ENSA de Paris-Malaquais ayant eu lieu le 19 juillet 2024. ↩︎